Vertus et Péchés est une exposition qui pose avant tout le regard d'une femme sur la femme, mais aussi de façon très ironique, sur le rôle dans la société que lui a donné la religion chrétienne. C'est pourquoi les vertus sont incarnées par des modèles dénudées. Les péchés quant à eux sont représentés par des paysages normands. Vertus et péchés se répondent, vous trouverez une fenêtre dans chaque vertu pour vous transporter sur son péché. C'est le fil rouge de mon exposition.
Pour la petite histoire :
Tout commence au IVème siècle, l'Empire se convertit alors à l'Eglise alors qu'il l'a longtemps persécutée. Déjà dans cette crainte du recul de la foi, certains et certaines fuient dans le désert, en Egypte. C'est alors qu'Evagre Le Pontique compose un traité de vie pour combattre les pensées et les désirs qui le tenaillent. Saint Thomas d'Aquin, au XIIIème siècle, quant à lui, réduit les péchés capitaux au nombre de sept, ceux-là même qui sont encore en vigueur aujourd'hui, mis à jour dans le catéchisme pour la dernière fois en 1997. Vertus et péchés se répondent. Si le péché est un vice, la vertu est quant à elle une force morale qui porte l'individu vers le bien. La vertu est sous tendue par une force soit Divine, soit de volonté personnelle qui lui permet de surpasser les obstacles dans le seul but d'accomplir son devoir. La personne vertueuse ne dévie jamais de son chemin, son seul but est de poursuivre son idéal de vie. D'où mon choix du sujet féminin pour représenter les vertus. Tant volonté, obstination et courage qualifient parfaitement la femme qui est totalement dévouée au bien être de son foyer, son mari et ses enfants, sans que personne ne puisse jamais la dévier de son chemin..
Digression:
Etant de formation psychanalyste - Psychothérapeute, ayant avant cela fait un cursus de lettres modernes à la Sorbonne, je ne pouvais dissocier la religion de la psychologie. La Bible étant pour moi, le premier code civil...
L'orgueil, l'avarice, la paresse, l'envie, la luxure, la colère et la gourmandise, sept péchés capitaux ainsi nommés par l'Eglise. Mais ne sont-ils pas des termes détournés qui annoncent névroses et psychoses, signes de maladies mentales ?
Le "psy" (Psychiatre, psychologue, psychanalyste, psychothérapeute) a coutume de les requalifier avec son propre vocabulaire mais surtout sans jugement moral. Le plus gros de son intervention consiste à décrypter ce qui se cache derrière ces termes que chacun aujourd'hui comprend grâce à l'héritage des croyances. Son rôle est donc d'afficher au grand jour la souffrance psychique qui se cache derrière chacun de ces vices par la prise de conscience. Ainsi, les péchés capitaux qui servent de qualificatifs à certaines de nos conduites permettent l'interrogation sur ce qui est dissimulé.
La similitude la plus flagrante entre pathologies mentales et les péchés capitaux est dans la dissimulation de la conviction d'une responsabilité du malade dans sa pathologie. Activant ainsi un fort sentiment de culpabilité voir de honte parfois aggravant.
Qu'on les nomme vices, péchés ou pathologies, ce ne sont au final ni plus ni moins qu'une modification de l'âme qui provient du corps. Tous porteurs du poids de la culpabilité et de la faute qui qualifie un comportement dont la pathologie mentale peut et doit aussi rendre compte.
Que le péché soit tout à fait avouable ou totalement inavouable, seule l'Eglise n'en fait plus cas ou si peu... La religion a longtemps servi a pointer du doigt "les coupables" dans le but de faire naître un sentiment de culpabilité, de honte, pour mettre à l'isolement la "personnalité marginale". La vérité aujourd'hui est que l'on peut informer sur certains troubles psychiques autour des péchés capitaux.
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