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La petite dernière... J'ai nommé : Estelle.


J'ai fait mon troisième périple à Arles en trois mois, d'où mes nombreuses absences sur le blog. Cette fois-ci c'était pour participer à la grande fête du festival du OFF Arles Exposition. Si vous n'y étiez pas, c'est dommage ! J'en profite pour saluer ici, l'extraordinaire travail de l'équipe de La Place des Photographes ainsi que d'Art Photo Lab. Le mélange de ces deux équipes, ainsi que des quelques bénévoles qui ce sont démenés corps et âmes, pour que le festival soit une réussite est juste hallucinant. Que l'on parle d'Arnaud Elissade, Karen Duvivier, en passant par Olivier Robert, Antonio Gaudancio, Patrick Delmas et j'en passe... Pour ne pas citer tout le monde ! Je ne peux également que féliciter et être admirative du travail extraordinaire du laboratoire photo Art Photo Lab pour la qualité de leurs tirages, ce qui nous a valu de biens belles expositions à découvrir. Il faut tout particulièrement remercier Elvira Vil ainsi que bien évidemment James Vil qui ont fourni un travail démesuré tout au long de l'année jusqu'au bord de l'épuisement. Que serait devenu le OFF sans eux ? C'est une fabuleuse réussite et cela a été une fête incroyable à vivre, je n'aurais manqué cela pour rien au monde... Dans la vie il y a des priorités et soutenir mon festival en était une...


Bref, je ferai un autre texte sur ce sujet, il faut juste que je rassemble mes idées... J'ai donc profité de ce retour à Arles pour organiser un petit shooting test avec cette belle demoiselle... Estelle. Une toute jeune femme de 26 ans, magnifique, douce et novice en matière de photographie. Je mesure l'énorme chance qu'elle m'a donnée en me choisissant en tant que photographe pour sa première expérience en tant que modèle. Nous apprenons à nous connaître, à nous apprivoiser... Aujourd'hui, je cerne mieux le style de photos que j'ai envie de faire avec elle. La confiance s'instaure peu à peu... La confiance, le bien le plus précieux. Même entre un modèle et un photographe.



C'est une rencontre atypique que la notre mais encore plus inattendue. En la voyant, j'ai tout de suite vu un potentiel, mon oeil lui portait un grand intérêt, mais je n'osais pas... Il n'est pas facile d'aborder une jeune femme sans expérience pour lui proposer, voir lui imposer, son style de photos. Et même si certains me connaissent comme étant "une grande gueule", et bien, il y a des moments où je sais me faire toute petite... Si, Si... Nous nous sommes toisées, nous nous sommes tournées autour et puis, le sujet est venu le plus naturellement du monde au détour d'une conversation... Je n'avais de cesse de détailler son visage, comment il prenait la lumière, et autres détails... J'étais embêtée que l'expérience ne s'arrête qu'à quelques portraits... On a discuté, furtivement, mais je me suis dit ce ne sont peut-être que des paroles comme ça jetées dans le feu de l'action. Puis, vint ce fameux jour où elle me dit, je m'en souviendrai toujours : "Steph, je te fais confiance !". Quel plus beau cadeau peut-on recevoir ? La confiance d'une personne... Vous n'imaginez pas la joie ressentie sur ces paroles reçues. Pour tout cela, je me dois de remercier ici, sa maman, qui est l'instigatrice de cette fabuleuse rencontre.



Lui ayant tiré quelques portraits lors de notre première entrevue, j'ai pu continuer de communiquer avec elle, ne pas perdre le fil, le lien. Commencer à le nouer ce lien... Une de mes premières paroles a été de lui dire d'aller voir ce que je fais sur mon site internet en lui précisant bien que je ne fais pas que du portrait. Etrangement, j'étais comme étranglée par une certaine pudeur, la peur de la perdre comme modèle potentielle en lui avouant que je fais de la photo de femmes "sexys" ou dénudées... La prise de conscience de ce fait était un facteur non négociable pour une continuité dans un rapport photographe / modèle sain et basé sur la confiance. Il fallait à tout prix qu'elle en soit consciente, sans toutefois la heurter. Je lui ai également dit de bien réfléchir et d'en discuter avec les personnes les plus proches d'elle. On ne trahit pas la confiance donnée... Au final, nos décisions étaient prises, nous voulions tenter l'aventure ensemble. Une belle aventure !


Donc, j'ai profité de mon passage à Arles au mois de juillet pour improviser ce petit shooting test dans ma chambre d'hôtel. Bel hôtel d'ailleurs, mais... Peu d'espace, nous nous sommes retrouvées très vite limitées, surtout moi qui aime les décors fastueux, il a fallu faire avec. L'adaptation est une faculté du photographe. Il faut qu'il soit opportuniste. Nous avons bricolé, mais ce n'était qu'un shooting test, je voulais savoir si j'arriverais à la mettre à l'aise. Il fallait qu'elle soit sûre de vouloir le faire aussi, c'était une possibilité pour tout stopper. Les débuts ont été rapides, limpides même je dirais, j'ai été extrêmement surprise par la simplicité et la facilité de cette séance. C'est comme si nous nous connaissions depuis toujours. Pour ne pas faire monter l'angoisse de l'attente, à peine est-elle arrivée que je l'ai mise dans le bain directement... Je lui ai dit on va commencer par une photo en robe de mariée ! Ni une ni deux me voilà à sortir la robe, l'accrocher sur le cintre pour la défroisser et nous nous sommes mises à parler, parler... Je lui expliquais le projet de la photo voulue à chaque fois et de fil en aiguille, la séance est devenue tout ce qu'il y a de plus naturelle. Un pur moment de plaisir. Seul ombre au tableau la chambre exigüe.




Nous n'avons pas shooté très longtemps, deux ou trois heures grand maximum. D'habitude une séance dure une journée entière. Mais, je savais que j'avais ce que je voulais dans la boîte pour une première séance. Cela m'a rappelée ma première séance avec ma modèle Phoebe Scilla. J'ai ressenti un peu la même chose. Tant d'émotions qui remontaient à la surface, mes débuts... Pourtant, Estelle m'a pensée sceptique au sortir du shooting. A juste titre. Car il est vrai qu'après chaque shooting je le suis toujours. Je ne suis jamais satisfaite de ce que j'ai fait quand je me repasse le film. Une fois la séance terminée, je me remets systématiquement en questions. C'est toujours à ce moment-là que je me dis j'aurais dû faire ceci ou cela, comme-ci ou comme ça. Systématiquement, le même refrain. Mais lorsque j'ai regardé les photos sur l'écran de l'appareil quelques jours plus tard, j'étais plus que satisfaite... Et pressée de les voir sur l'ordinateur !


On me reproche souvent d'avoir une trop grande proximité affective avec mes modèles. C'est peut-être vrai. Je ne sais pas faire autrement. J'ai besoin d'aimer ou d'apprécier les personnes que je prends en photos. J'ai besoin de cette complicité, d'un lien. De ce lien qui vous place au rang des personnes privilégiées justement tenu par celui-ci, que l'on crée au fil des séances. Je ne peux me contenter d'un rapport professionnel et froid. J'en suis réellement incapable. Pour moi la photographie est une histoire d'échanges, une histoire humaine. Une histoire d'amour, de regards croisés, de liens avec l'autre. Toujours ce foutu lien. L'amour de l'image, l'amour du partage. L'amour, le plus beau mot du monde... L'amour de l'humain. Rendre son humanité à l'image par ce lien spécial ? Comprendre, aimer la modèle pour essayer de faire des photos qui lui vont, qui lui ressemblent. J'essaie de m'adapter à mes modèles. J'essaie d'apprendre encore et toujours à travers la photo pour encore et toujours aller plus loin. Un puits sans fond. Ce puits sans fond, mon abyme, je l'aime même s'il m'entraîne vers le fond, parce que le fond c'est la vérité, quitter l'artificielle surface pour plonger dans le fond, le coeur...


Merci à toutes mes modèles, Rose, Phoebe Scilla, Stella, Kalista, et maintenant Estelle pour toutes les belles aventures vécues et à vivre... Merci d'offrir la possibilité à mon regard d'exister...

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