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Et si c'était ça la vie ?



Des lignes et des chemins tous tracés, du vide, des cases dans lesquelles on met les gens... Si c'était ça la vie ? Notre matrice ? Pourquoi mettre les gens dans des cases ? Le jugement omniprésent ?


Les cases et le jugement servent à opérer une distinction dans le seul but de se situer par rapport à l'autre. L'identification dans ce qu'est l'autre permet l'identification de ce que nous sommes. C'est ainsi que le jugement devient aussi naturel que respirer. Puis très vite, on passe de l'action de l'altérité à l'action de dégrader. Quand notre différence avec l'autre ou notre ressemblance nous dérange ou nous trouble, on se défend. Malheureusement, trop souvent la seule défense est l'attaque pour certains.


C'est ce que Jung appelle "notre part d'ombre". Elle est constituée de tout ce que nous avons du mal à accepter : notre lâcheté, notre violence, nos blessures, nos angoisses, nos faiblesses... Cette "part d'ombre" nous fait attribuer à l'autre des turpitudes que nous ne nous n'avouons pas via un fameux mécanisme de projection. Ce sont dans ces conditions que nous nous mettons à juger, voire à condamner... Mais juger l'autre, c'est porter un jugement sur soi... Car dans le jugement, il y a plus d'informations sur soi que sur l'autre. Juger l'autre, permet ainsi d'esquiver nos propres défauts, de nier notre "part d'ombre", et de remettre à plus tard une remise en question. C'est un mécanisme identitaire très simple : l'autre fait ou pense mal, il est différent de moi, donc je pense ou je fais bien.


Dans les sociétés peu sécurisantes d'aujourd'hui, nous avons plus besoin que jamais de prouver que nous existons tant nous sommes visibles via les réseaux sociaux et pourtant si anonymes... Car noyés dans la masse. Donc certains, par manque de confiance en eux, d’autonomie, de conscience de soi en tant que sujet à la fois semblable et différent de l’autre, vont trouver comme moyen pour exister, d’être en lutte contre cet autre. C’est un combat acharné pour prouver une identité qu’ils ont du mal à trouver au fond d’eux-mêmes.

Nous jugeons tous. Il n’y a pas de gens qui ne jugent pas. Donner son avis sur quelqu'un c'est déjà juger. On met donc les gens dans des cases, suivant les lignes et les chemins qu'ils ont suivi dans leur vie.

Pourtant certains fuient le jugement par peur de se tromper, d’être jugés à leur tour, d’être "désaimés", ou plus simplement par fidélité aux injonctions morales et éducatives, dans le but de l'évitement d'un éventuel conflit.

Celui qui affirme ne pas juger ressemble en réalité à celui qui juge le plus : ils ont tous deux la même difficulté à accorder sa vraie valeur au jugement, qui est un fait et rien d’autre. Penser le jugement c'est lui donner une valeur sociale et tomber ainsi dans le jugement de valeur.


Le jugement est une résultante de notre histoire personnelle. Nous portons tous en nous une soif de justice, une façon de réparer les blessures de l’enfance, ou de combler les manques mais de façons différentes. Lorsque le jugement cesse d’être une simple différenciation, lorsqu’il se confond avec l’arbitraire alors on s’égare.

Selon la psychanalyse classique, nous jugeons plus sévèrement les auteurs d’actions immorales si nous sommes tentés de les commettre. C’est une façon de nous punir, par procuration, de nos désirs interdits.

C’est le surmoi, partie de la personnalité dont Freud a fait le siège de notre conscience morale, qui nous incite à juger les personnes et les actes. Apparaissant à la fin de la période œdipienne, vers 6-7 ans (l’âge de raison), il est l’héritier des interdits parentaux et sociaux. Paradoxalement pourtant, plus les parents sont laxistes, plus le surmoi de l’enfant est sévère : c’est une stratégie psychologique pour compenser le manque de repères fiables. Les individus les plus intransigeants, hypersensibles à la culpabilisation, enclins à l’autojugement négatif, ont généralement grandi dans un milieu trop « cool ». Ils sont durs avec eux-mêmes et très exigeants vis-à-vis des autres, dans le but de se hisser à la hauteur d’un idéal moral inatteignable. Le côté pulsionnel du surmoi le rend insatiable, boulimique : il réclame toujours plus – plus de perfection, plus de sacrifices. Plus nous lui cédons et tâchons d’être irréprochable, moins nous avons la sensation de l’être.


Ainsi va la vie, des lignes, des chemins tracés par le conditionnement de notre société. Et pour mieux nous enfermer, l'homme a créer des petites cases dans lesquelles il faut rentrer. Si on y entre pas, quoi qu'il en soit, nous serons malgré tout catégorisés. Est-ce que catégoriser l'autre dans une petite case par le biais de critiques c'est lui attribuer les défauts que nous n'osons reconnaître en nous ? A méditer !


Bienvenue en 2024, c'est le premier post et la première photo de l'année, réalisée ce dimanche à Paris, Institut du monde arabe. Belle et heureuse année 2024. Je déclare les aventures photographiques de 2024 officiellement ouvertes !

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1 comentário


Je suis actuellement en Thaïlande du nord, dans une région où vivent réfugiés Chinois, Birmans, et Laotiens, tous unis.

Le jugement n’existe vraiment que si on le ressent soi-même douloureusement. Il faut juste libérer ses chaînes, exister, et aller…

Et là, subitement, tout devient plus clair.

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  • stephvocoretpoulain
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