Le projet avance très bien, il est même sur la fin en ce qui concerne la production photographique. Encore quelques photos à réaliser, pour une fois je prends mon temps. Pour l'écriture c'est fait, c'est terminé, je l'ai vécu comme une souffrance ce texte étrangement alors que je pensais que cela allait être divertissant. C'est une série particulière à laquelle je tiens beaucoup, peut-être mon premier gros projet "sérieux". Le sujet est glissant si je puis m'exprimer ainsi, et je ne veux surtout pas qu'elle soit traitée n'importe comment, encore moins par n'importe qui. Sur ce projet, je préfère avoir l'aide d'un professionnel parce que je n'ai surtout pas envie de me casser la margoulette... Ça fait plus d'un an que je travaille dessus maintenant.
Le Don de Soi, c'est l'histoire d'un coup de coeur sur une photo, avec des codes, de la provocation, tout ce qui fait que je suis moi en réalité... Puis enfin l'histoire. L'histoire qui fait partie de la vie d'une femme hétérosexuelle finalement, avec ce qui est sale ou pas, consentit ou pas, bien plus qu'une histoire un phénomène de société sortie de la vie privée, le tabou. Rendre le tabou visible.
L'année dernière je croyais la série terminée d'un point de vue photographique jusqu'à ce que je lise le livre "Scénographier une exposition de photographie" de François Rastoll. J'ai sincèrement aimé lire ce livre mais je dois bien l'avouer, le lire est une chose tout intégrer en est une autre. En tous les cas, j'ai appris, et beaucoup. Il en est ressorti une remise en question sur Le Don de Soi et après réflexion, j'ai considéré que la série n'était finalement pas terminée. Je la trouvais un peu faible, manquant d'arguments et redondante. Le fil rouge était là, mais l'histoire dans l'histoire ? Faire mieux qu'un alignement de photos qui se répètent... Aller plus loin. Aller dans une création artistique généreuse et non à minima, aller vers Le Don de Soi jusqu'à l'épuisement de mon empreinte artistique, peut-être même devenir artiste... J'en rêve ! Moi qui traîne mon vieux complexe pour ne jamais me sentir légitime. Je me suis donc remise au travail. Reconsidérer les images et le projet, le message... Que lui manque-t-il ? La force du propos ! L'évident, c'est-à-dire, l'humain dans sa relation. Je n'avais figuré que la conclusion du Don de Soi, l'essentiel manquait. Alors j'ai décidé d'ajouter quelques photographies, d'homme seul, de couple... De retravailler mon histoire. Mais une fois les idées remises en place, le projet remis sur les rails, j'ai pris conscience que je ne devais pas exposer ce projet seule mais me faire accompagner d'un professionnel. Ce n'est pas le genre de série avec laquelle tu fais n'importe quoi. Très vite le risque de tomber dans le kitsch, dans le vulgaire ou autre vient à toi avec ce style de sujet. Tout ce que je ne veux pas !
J'ai réfléchi... Un professionnel oui, mais lequel ? Quelqu'un qui a les épaules pour porter le projet, pas juste un galeriste que l'on paye. Quelqu'un qui s'investit un minimum pour ses artistes. Et puis très naturellement un nom m'est venu à l'esprit "La galerie Rastoll". Alors d'abord parce que je connais le monsieur. Ensuite parce que je connais beaucoup d'amis artistes photographes qui ont exposé chez lui. Ensuite parce que j'ai lu son livre et que son professionnalisme n'est plus à prouver. Je suis donc allée voir plusieurs expos dans sa galerie, histoire de prendre la température, discuter, etc. On s'est plus ou moins mutuellement tournés autour. Et j'ai finalement décidé de me lancer.
Samedi, j'avais rendez-vous à 14 heures à la galerie. Oui c'est un lieu professionnel, donc pour parler avec un professionnel on prend rendez-vous. Je suis venue avec une version papier du projet qu'il connaissait un peu parce que je lui avais déjà montré quelques photos, mais je voulais qu'il ait les textes, l'intégralité des photos (même si en mauvaise élève que je suis il en manque encore quelques unes...). C'est alors, qu'à mon grand soulagement j'ai été rassurée par l'accueil de la série, je voulais vraiment une personne inspirée par elle, François Rastoll s'est montré enthousiaste et j'ai vraiment été charmée par ses idées qui te font sentir la différence du professionnel. J'ai également senti au fond de moi que ma réflexion quant à l'accompagnement était peut-être la meilleure depuis des années... Je suis allée vers lui justement parce que j'ai cru sentir que cette série l'intéressait. Quand tu parles à ce monsieur tu sens que tu as à faire à un professionnel et sincèrement, ça fait une énorme différence. Je commence à comprendre la différence entre scénographie et mise en scène, erreur que beaucoup font en s'improvisant galeristes, quelques-uns aussi parfois sur certains festivals. La scénographie est un art de mise en valeur. Et j'avais vraiment besoin de ça pour confier ma série, je ne peux pas travailler avec quelqu'un si je ne suis pas en confiance. D'autant plus sur ce premier gros projet qui me tient vraiment à coeur. Il décidera probablement de la suite des évènements, j'arrêterais ou je continuerais en fonction de... Affaire à suivre d'ici là !
Bref, pour résumer, le rendez-vous s'est très bien passé. Ne me reste plus qu'à lire le contrat, signer et payer, et surtout à me laisser guider. Et sincèrement, j'ai hâte de voir ce que monsieur François Rastoll va faire de ma série mais ce que je peux dire c'est qu'au fond de moi, j'ai l'impression que je vais la redécouvrir, probablement l'aimer encore plus, en retirer une certaine fierté en dépit du sujet un peu houleux et risqué, apprendre et j'adore ça. Je ressens comme une sorte de consécration au fond de moi, dans la mesure où mes sujets de projets sont de plus en plus complexes, affirmés, précis, et recherchés. Et dans la mesure aussi où plus j'avance, plus je me dirige sur des moyens d'expositions différents, avec des idées nouvelles en fonction des projets à venir et de leur importance.
Mercredi je vous parle de François Rastoll et de sa galerie pour que vous en sachiez un peu plus. A très vite pour de nouvelles aventures photographiques.
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