Je suis sûre que vous pensiez que j'avais mis ce projet, Le Don de Soi, de côté... Et bien pas du tout, c'est même tout le contraire ! Tout d'abord, laissez-moi vous expliquer ma vision sur les différents projets. Je considère qu'il y a plusieurs types de projets. Les projets pour les galeries, les projets pour les festivals et les projets que l'on montre ici et là. Je dissocie clairement les projets de galeries et les projets de festivals. La plupart du temps, les projets de festivals doivent être accessibles pour correspondre à un large public tandis que les projets de galeries se doivent d'être plus poussés, plus recherchés dans l'intention artistique donc dans le message. En revanche la qualité photographique se doit d'être égale, il ne s'agit pas de prendre les gens pour des cons non plus, c'est juste une question de public plus large ou pas ! Ainsi, Ecopsychologie est pour moi une exposition qui s'adresse à un plus large public puisque le sujet est l'écologie, un sujet qui touche et concerne chacun d'entre nous. Tandis que Le Don de Soi, ne peut-être montré à tout le monde. Ce projet nécessite plus de temps à la lecture comme à la réalisation car le cadre de visite est beaucoup plus intimiste.
Ceci étant dit, pourquoi je vous parle de tout cela ? Parce que, grande nouvelle, Le Don de Soi avance à petits pas mais sûrement. Grande nouvelle encore plus folle, il a normalement trouvé son lieu d'exposition, lieu dont je suis fière d'ailleurs, mais tout cela sera dévoilé en tant voulu. Pour le moment je vous offre une des photos qui fera partie du troisième volet, volet axé sur le couple. J'ai la chance d'avoir pour modèle sur cette partie, Ella avec son compagnon, ce qui apporte de l'intime vrai au projet et ce n'est pas pour me déplaire ! Le projet avance donc lentement mais sûrement, avec beaucoup beaucoup de réflexions.
Je résume l'historique du projet... Parce que c'est un vrai roman à lui tout seul ! Tout a commencé par une photo envoyée par Frankie Bastide qui m'a donnée cette idée dingue de créer Le Don de Soi. J'ai pris un grand cahier à spirale et j'ai commencé mon travail de réflexion. Avec les questions suivantes : combien de photos ? Pourquoi ? Scénographie et format de la série. Ne pas oublier d'apporter du rythme. Puis, j'ai cherché des inspirations à mes photos. Une inspiration c'est quoi ? C'est partir d'une photo existante, qui me plait bien, me la coller sur mon petit cahier et réfléchir à comment l'adapter à mon projet sans la copier autant que possible et en l'améliorant d'après mes propres goûts : prise de vue, traitement, lumière, positions des modèles, aspects vestimentaires et accessoires... Je le répète, le but est d'être inspiré pas de copier donc on change tout au maximum, c'est juste une idée de départ. Une fois les photos en tête, réfléchir pour trouver les différents titres, ce qui implique de construire l'histoire avant de faire les photos. Enfin réalisation des photos. A partir de ce moment-là, je croyais que ma série était finie. J'ai donc commencé la grosse partie écriture du projet. puis j'ai proposé le projet à James Vil pour le Festival du nu 2023... Recalé.
Je le mets de côté sachant que ce projet trouvera sa place. J'avance sur d'autres projets pour festivals. Un samedi, je vais à la galerie Rastoll https://galerierastoll.com/fr/accueil à Paris. Nous parlons longuement, notamment de cette série. J'apprends qu'il a écrit un livre "Scénographier une exposition de photographie", https://www.fnac.com/a12611574/Francois-Rastoll-Scenographier-une-exposition-de-photographie (si tu veux l'acheter tu cliques sur le lien jaune), je pars, je prends mon petit portable, je vais sur le site de la Fnac et hop je commande le livre. Je le reçois et je le dévore ! Je me prends une baffe ! Prise de conscience ! Ma série est trop faible, trop simpliste et mérite mieux ! Je suis allée au plus évident en omettant la subtilité ! Hop, je reprends mon grand cahier et je me remets à bûcher ! Comment améliorer cette série... Je comprends qu'elle manque de force, que telle qu'elle est là, c'est sympathique mais un poil redondant. Je me creuse, je relis des passages du livre (cela dit en passant tout bon photographe se doit d'avoir ce livre à portée de main ! Après chacun fait selon mais ça a été une véritable révélation pour moi). D'ailleurs hop, je trouve, je crée les volets, je réfléchis sur la mise en scène, les formats des photos... Et me voilà à refaire des photos pour apporter force et puissance à la série. Je retourne voir François Rastoll avec mon petit cahier, les idées mises en applications, les idées à mettre en images d'ici peu. Ca c'est le moment que j'adore quand tu te confrontes à des professionnels parce que tu te prends l'avis d'une personne neutre, sans affects j'entends, avec moult conseils pour appuyer encore ta série. Alors je dis pas qu'il n'y a pas la petite boule au ventre avec l'égo du photographe, la prise de risque de se voir dire que la série ba c'est de la merde, mais faut le faire pour apprendre ! Résultat, je travaille en force tranquille dessus, grâce aux nouveux conseils et critiques de François Rastoll. Les critiques et les conseils qui m'ont été donnés l'ont été dans la bienveillance... C'est aussi au photographe d'apprendre à accepter cet aspect de notre travail, se faire critiquer, pour avancer. Je le répète tant que c'est bienveillant, je prends, sinon, j'avoue être la première à me vexer.
Moralité de l'histoire, il faut vraiment prendre conscience qu'un projet ça se construit, ça prend du temps, c'est long... Mieux vaut ne pas se précipiter pour ne pas avoir à le regretter après ! La première idée, est peut-être très bonne pour un départ, mais il faut laisser le temps au projet de mûrir, vraiment, c'est un vrai conseil. Trop de fois j'ai fait des séries dans la précipitation. Ensuite, écouter les conseils des professionnels. C'est important, ça fait mal à l'ego, je sais, mais faut apprendre à le faire. Ne pas être rebuté par la critique tant qu'elle est bienveillante. Mais surtout ne pas avoir honte d'admettre que l'idée de départ n'est pas forcément finalisée mais qu'elle le devient avec l'aide d'autres personnes, apprendre que "l'autre" professionnel peut savoir certaines choses que nous n'avons pas vues. Si par malheur James Vil avait accepté d'exposer cette série je l'aurais regretté parce que la série n'était à ce moment-là pas assez aboutie. Je n'avais alors réalisé que la partie évidente de l'idée. Ce que je construis aujourd'hui autour de la série de départ sert de force, de puissance, mais aussi de "modérateur", d'où la complexité de l'artistique, apprendre à dépasser l'évidence !
Voilà pour aujourd'hui, j'ai été pas mal prolixe ! Je vous dis à très vite pour de nouvelles aventures photographiques !
Une fois de plus, une réflexion judicieuse et je retiendrais pour ne pas être aussi long que toi et surtout beaucoup moins bien, une seule réflexion , ne pas hésitez a confier notre travail à des professionnels, photographes, mais pas seulement. Pour ma part, en plus des photographes professionnels, je n’hésite pas à montrer mon travail à des peintres, à des sculpteurs et les retours sont toujours dans la bienveillance, il n’y a pas de jalousie, les domaines artistiques sont différents. Voilà mon petit commentaire du soir. Éric