René Groebli est un photographe suisse né à Zurich en 1927 qui a marqué l'histoire photographique du XXème siècle. Ses premières photos ont été prises en 1942 avec un Rolleiflex, mais c'est en 1945 qu'il devient l'élève de Hans Finsler, puisqu'il a fréquenté l'école d'art de Zurich au même titre que Robert Franck, Werner Bischof ou René Burri. Il s'est ensuite formé comme opérateur de cinéma et commence à expérimenter la photographie de mouvement. Il est reconnu comme étant un photographe confirmé, maître de la couleur même si je n'ai trouvé que des photos en noir et blanc de lui ! Or il se trouve qu'il a fait sa petite révolution dans l'univers publicitaire par ses innovations dans l'usage de la couleur et dye-transfer. Il fait partie de ceux qui n'ont pas eu peur d'expérimenter dans le développement de l'image en couleurs, d'où sa réputation de photographe avant-gardiste.
Sa démarche certes, est avant-gardiste, mais avec le souci de conserver une certaine esthétique classique. C'est un photographe qui s'affranchit bien volontiers des schémas établis pour se confronter à des normes stylistiques hors de son époque. Dans son intention artistique on y trouve un mélange de faits et d'émotions, d'images réelles aux sentiments qu'il éprouve face à elle. C'est sa volonté de sortir des apprentissages d'une photographie trop littérale qui va le mener, à 26 ans, à quitter la photo-reportage pour une esthétique en perpétuel mouvement. Car en 1950, il travaille comme photo reporter pour l'agence londonienne Black Star et est publié dans les plus grands magazines.
En 1949, il sort sa première série "La magie du rail", série avec laquelle il se fait remarquer. Aventure ferroviaire en noir et blanc dans laquelle, à l'instar d'Emile Zola dans la bête humaine, il nourrit une certaine fascination pour les avancées mécaniques de l'époque. La série se lit comme un roman d'apprentissage à travers un voyage, Paris-Bâle, à lire comme une odyssée qui capte toute la dimension du périple par la fixation des mouvements du train. L'âme de cette série réside dans la mise en valeur de la lenteur et de la contemplation. Son travail se concentre essentiellement sur le flou et le grain de l'image.
En 1953, il se distingue avec la série "L'oeil de l'amour", un travail plus intimiste dans lequel il dévoile et traduit ses propres sentiments sensuels amoureux lors de sa lune de miel dans un hôtel modeste parisien avec sa femme Rita. Déclaration d'amour d'une rare puissance, c'est un travail très personnel qui le dévoile sans fard. C'est alors qu'il offre son regard très poétique sur la photographie de nu. C'est même la première déclaration d'amour photographique. Une poésie tangible par les flous de mouvement, qui sont, rappelons-le, novateur à l'époque avec toujours ce travail sur le grain. Dans cette série le grain est si fin qu'il ressemble au grain de la peau. Série qui capture la nostalgie du passage amoureux, le souvenir d'un instant, l'instant d'après.
Bonne fin de semaine à tous et à très vite pour de nouvelles aventures photographiques !
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