Alexey Titarenko est un artiste photographe russe né le 25 novembre 1962 à Léningrad devenue Saint-Petersbourg. 1971, il a 9 ans, il s'initie à la photographie. 1978, il obtient son diplôme de photo-journaliste au département des sciences sociales de l'université d'état. A ses 15 ans, il est le plus jeune membre du club photo indépendant "Miroir". C'est là qu'il fait sa première exposition individuelle. En 1983, il obtient son master en cinéma de la faculté des Arts Cinématographiques et Photographiques de l'Institut de la culture à Léningrad. En 2011, il se fait naturaliser américain.
En 1988, il expose sa série de collages et de photomontages intitulée "La Nomenklatura des signes". C'est une série qui dénonce le système communiste comme étant oppressif par la transformation de ses citoyens en signes. Pour cette série, Alexey Titarenko s'est vu dans l'obligation de travailler en secret, elle a été le moyen de traduire la réalité visuelle de la vie en Union Soviétique par un langage qui exprime l'absurdité du système avec une hiérarchie de symboles. En 1989, elle est intégrée à l'exposition itinérante "Photostroika" qui a le mérite de présenter les nouveaux talents de la photographie soviétique dans différentes villes des Etats-Unis. De 1991 à 1992, pendant et après l'effondrement de l'Union Soviétique, il s'intéresse à la condition humaine, à la souffrance des gens ordinaires vivant en URSS qui traversent le vingtième siècle, avec sa série "The City of shadow". Pour élaborer ce travail, il crée des métaphores puissantes en introduisant la technique des poses très longues, avec des mouvements intentionnels de l'appareil photo pendant la prise de vue. Son territoire de jeu est la rue. Son but est à la fois de raconter le présent et le passé, il cherche un lien, une trace de l'épaisseur du temps, pour ce faire il laisse son appareil sur trépied et les rues deviennent peuplées d'ombres indistinctes. Il en résulte une atmosphère angoissante et sombre. Il dépeint une société urbaine impersonnelle et uniforme.
Titarenko conçoit ses tirages lui-même dans une chambre noire. Il utilise des techniques extrêmement sophistiquées. Son travail est marqué d'un caractère visuel personnel. Il y transparaît beaucoup d'émotions. Chaque tirage est une interprétation unique de son vécu au moment du développement. Il défend une vision particulière de l'artiste et de l'art, proche de celle de Kazimir Malevitch, d'Alexandr Rodchenko et d'autres artistes avant-gardistes russes. Il capte un monde comique mais sombre dans lequel le langage est contrôlé et subvertit. Ses photographies renvoient à la puissance de la foule urbaine en mouvement mais à sa fragilité aussi, voire à son effacement, à l'anonymat, l'uniformité. Son style est très personnel, mais il est inspiré des contraintes techniques du XIXème siècle de la photographie française. Le caractère intemporel de ses images est intensifié par l'historique des villes dans lesquelles il exécute ses photographies. Les marqueurs dans ses séries sont la nostalgie de l'Histoire, le temps perdu, l'errance de l'humanité face à elle-même.
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