top of page
Rechercher

Cinquante-trois. Série "Vertiges d'une folie humaine".

Photo du rédacteur: stephp78photographstephp78photograph

Ça ne vous aura pas échappé si vous suivez mon actualité sur instagram, j'ai repris mon travail sur ma série "Vertiges d'une folie humaine". Dimanche, petite visite sur le site de la gare de déportation de Bobigny. En plus de m'être imprégnée de l'ambiance lourde de par l'histoire du site, j'ai pu avoir un contact intéressant pour faire avancer les futures expositions de la série. En attendant, je vous raconte l'histoire de cette gare dans ce petit texte.


L'ancienne gare de déportation de Bobigny est la seule à être restée proche de sa configuration d'origine. Elle est d’abord une banale gare de la Grande ceinture qui sert de simple halte. Construite au début des années 1880 à l’arrivée du chemin de fer. Le paysage est encore rural. Le bâtiment des voyageurs est construit en 1928 pour les usagers de la Grande ceinture et de sa ligne complémentaire. Le modèle architectural du bâtiment des voyageurs est d’inspiration rationaliste, directement emprunté aux gares de la ligne de Saintes à Royan, en Charente-Maritime, construites dans les années 1910. Style repris à Bry-sur-Marne, Neuilly-sur-Marne et Chennevières-sur-Marne. Une gare marchandises est également installée au début des années 1930. Ses embranchements secondaires desservent le fort militaire d’Aubervilliers et les usines alentours, dont l’imprimerie du journal L’Illustration. Elle sert alors aussi aux exploitants maraîchers de Bobigny et des environs. À partir de 1938, le site appartient à la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) qui vient d’être créée. Peu rentable, le trafic des voyageurs s’arrête en mai 1939. Le bâtiment sert alors de logement pour les cheminots de la gare de marchandises.


A compter de juillet 1943 et jusqu'en août 1944, les SS en charge de l'organisation du génocide des Juifs de France forment depuis la zone marchandises de Bobigny 21 convois pour la déportation vers Auschwitz – Birkenau, soit plus de 22 500 Juifs enfants, femmes et hommes confondus. Le découpage de la France induit des lieux de départ différents. Les Juifs arrêtés en zone Nord et en zone Sud sont internés à Drancy pour partir dès juillet 1943 depuis la gare de Bobigny. En date du 18 juillet, on note le départ du premier convoi. Le 13 avril 1944, à seize ans, Simone Veil est déportée par le convoi 71 avec sa mère et sa soeur. Le dernier convoi important de la « solution finale » est formé à Drancy le 31 juillet 1944 avec près de 1 300 Juifs, dont 330 enfants. Ce même jour, les Alliés percent le front de Normandie à Avranches.


Dès qu’une déportation est décidée et la date d’un convoi fixée à Berlin, le responsable des transports ferroviaires dans le service d’Adolf Eichmann prend contact avec le ministère des Transports du Reich. C’est sa Direction installée à Paris, en zone occupée, qui se charge de la mise à disposition d’un train, selon les disponibilités horaires et du matériel roulant. Puisqu’elle ne dispose d’aucun moyen de transport en propre et selon l’article 13 de la convention d’armistice, elle demande la mise en place du convoi à la SNCF. Ce sont donc des cheminots français qui conduisent le train jusqu’à la frontière allemande, à Novéant limite de la Moselle annexée. Les convois qui partent de Bobigny sont escortés par un commando de la police d’ordre du Reich, venu spécialement d’Allemagne. Après un nouvel appel, les déportés montent dans les camions ou les autobus de la Compagnie du métropolitain parisienne (CMP), sous la garde de gendarmes français chargés de surveiller le transfert du camp de Drancy à la gare de Bobigny. Ils sont remis à l’escorte policière allemande du convoi juste devant le train. Généralement, les personnes montées dans le même autobus embarquent ensemble dans un wagon. Chaque convoi est composé d’au moins 20 wagons de marchandises réservés aux déportés, dans lesquels sont embarquées environ 1 000 personnes. Wagons et voitures sont ajoutés au convoi pour l’escorte des SS et de leurs bagages. En règle générale, les convois quittent la gare de Bobigny tôt le matin. Durant le voyage, les déportés ne sont que très rarement approvisionnés en eau. Selon les saisons, ils souffrent tantôt du froid tantôt de la chaleur étouffante renforcée par le nombre de détenus parqués. Le trajet vers Auschwitz dure entre deux et trois jours, 53 heures plus exactement.


Le 17 août 1944, quelques jours avant la Libération de Paris, Alois Brunner quitte la France depuis Bobigny en prenant soin d'emporter avec lui les 51 derniers déportés de Drancy en guise d'otages. Le lendemain, le camp est libéré. Il n’y reste que 1 386 internés.

La SNCF continue d’utiliser le site après la guerre, l’activité marchandises se poursuit jusqu’à la fin des années 1970. Il faudra attendre toutefois le 18 juillet 2023 pour l'inauguration du site en tant que lieu de mémoire, date qui marque le 80e anniversaire du départ du convoi 57, premier convoi de déportés à destination du camp d’Auschwitz-Birkenau.









 
 
 

Comments


  • stephvocoretpoulain
  • Facebook
bottom of page